-- Paris – New
Delhi
aller/retour --
aller/retour --
DAY 1. Lundi 13
juillet 2015
Où il apparaît que Delhi, c'est
un peu comme Paris avec : 1, environ 15 degrés de plus, 2, pas de
trottoirs, des gravats ici et là et plus de désordre architectural,
3, des touks-touks qui se croisent, une circulation beaucoup plus
dense et nerveuse, 4, un air parfume de senteurs fortes de grande
ville tropicale et de parfums végétaux qu'on croirait sortis d'une
assiette de tandoori fumant (bonjour les clichés), 5, environ 45
degrés de plus et 6, il fait chaud (si je ne l avais pas déjà
dit). J'ai été super bien accueilli et, simplement pour réserver
un billet de train pour Agra, 10 personnes différentes (que je ne
connaissais bien sur pas ce matin en arrivant, tout vaseux, a
l’aéroport) ont eu la gentillesse de venir m'aider ! Et puis je me
sens bien, la tête vide et c'est super agréable de se vider le
crane de tout ce que nous pensons dans notre vie quotidienne, de tous
nos tracas habituels, de ce que nous sommes...
Mon seul souci : trouver un moyen
de transport pour rejoindre Agra demain, avec son Taj Mahal, si
possible sans passer 10 heures à camper et mourir de soif dans une
gare bondée (mon fantasme absolu sur l'Inde). La suite au prochain
numéro !
Je découvre aussi que les
Indiens sont comme les Iraniens, l'accent en plus. (et, je dois le
dire, avec une température ambiante de 65 degrés supérieure)
Jérôme D. : C'est
important de se vider le crâne !! Bon voyage à toi.
Mickaël L. : Début d'une
introspection salutaire et caniculaire si j'ai bien compris (mais je
ne suis pas sûr). Bon voyage.
Cyrille LD. : Tu as le
don de nous faire voyager au travers de ces quelques lignes...
Vivement la suite de tes aventures indiennes
Farhâd à Jérôme: Merci mec
! Mickey: Si, tu as bien pigé mon Mickey mais avec autant de
monde, peu d'espace pour l'introspection. Cyrille: Tant mieux,
par contre ils me parlent tous en vieil iroquois: je crains d'avoir
fait une erreur dans la planification de ce voyage mais j'ignore
laquelle.
Marie-Hélène TC : C'est plus
exotique que la Charente maritime l'an dernier !! Moi j'y suis
toujours !
Farhâd : Mais mon grand
amour pour la Charente n'a pas diminué non plus!
Marie-Hélène TC : OUF
!!!
DAY 2. Delhi-Agra
C'est lorsque je loupe un
téléchargement d'un compte-rendu de 30 lignes que prend tout son
sens une vertu indienne dont je voulais parler ici. Tant pis, on va
raccourcir et faire ça étape par étape :
Denis : Ne te fais pas
raccourcir !
Lever et au revoir a cette
famille sympathique. Le métro de Delhi : Il faut se faufiler parmi
des sardines surchauffées (comme moi d'ailleurs) pour y entrer et
notamment pour franchir le portique de sécurité type aéroport,
mais une fois à l'intérieur c' est super, clean, frais et rapide.
Dans la foule de travailleurs du matin, je vais vers la gare...
Denis : Je suis désolé
Faf', j'interprète...
La gare. Là c'est du lourd.
Indian Railways : 2e entreprise mondiale en nombre de salariés. La
gare est grande, blindée de monde à toute heure, avec un système
super organisé malgré son allure rustique, visuellement
parlant. Mais ce n'est tout de même pas mon élément et j'erre une
demi-heure avec mes sac comme une âme en peine, évitant de marcher
sur les pieds ou les mains de ceux qui attendent (mais comment
font-ils pour être si philosophes ? Et qu'attendent-ils, pour
certains d'entre eux qui semblent être là depuis l'indépendance?).
Tout cela, faut-il le rappeler,
par une chaleur à faire laquer un canard. Esquivant également les
rabatteurs escrocs, j'ai le temps la beauté de cette foule en
mouvement, fascinante par son nombre et son efficacité. La beauté,
individuelle celle-ci, des peaux et cheveux sombres et des tenues
variées et parfois chatoyantes.
Je trouve finalement mon Graal,
dans un bureau (avec clim, alléluia) où je réserve plusieurs
billets d'avance et surtout, où je réserve mon trajet du jour que
je croyais foutu : Agra, départ 17:25... Ah oui, j'oubliais : Il est
11:15. La vertu indienne dont il est question aujourd'hui et que
j'essaie de pratiquer a mon modeste niveau est bien évidemment la
patience.
Passons sur ces heures d'attente.
Mon trajet en classe 2AC m'amène à Agra. Mon chauffeur de
touk-touk, c'est un ouf. Il démarre les premiers 500m à contresens,
sous les klaxons multiples (klaxonner est ici un moyen normal de
signalisation de sa position et de ses intentions de conducteur).
Trajet jusqu'à ma guest house, façon Mario kart. Bien reçu, on me
propose même un bon petit programme de visites (pour un coup qui me
semble super raisonnable). Allez, si la clim
est bien lunée, une bonne nuit de sommeil et une journée riche
m'attendent. Bises à tous.
Denis : Bonne nuit et
euh... Gaffe quand même. Pas de raccourcissement...
Farhâd : Je t'enverrai
des photos régulières.
Cristovao : Super ces
comptes rendus (qui seront quotidiens inch'Allah?). Humour,
informations, impressions et réflexions, façon Farhâd : je suis
client!!
Cristovao : Rapport à la
déconvenue du téléchargement disparu, et rapport à se faire des
souvenirs pour l'avenir (le jour où Facebook ne sera plus / ou plus
comme ça...): fais-le aussi à l'ancienne ton journal de voyage, sur
un cahier d'écolier!
Farhâd : You're f...ing
right, pal (as usual).
Ingrid T. : C'est ta
nouvelle façon d'écrire ton prochain bouquin? Sympa.
Mickaël L. : J'adore !
FB à travers les yeux de Fafa en Inde c'est digne d'un bon Tintin la
plume caustique en plus.
Julien L : Ahh je
découvre avec plaisir tes comptes rendus de voyage dont je suis moi
aussi un grand fan ! Profite bien de ton périple ! Ps, je suis
d'accord avec Christophe : un journal à l'ancienne en doublon a
aussi du bon, au cas où...
Bon appétit !
Denis : Tou-ri-sta ! En
avant les histoires ! (Sur un air de Playmobil)
Farhâd : Non, c'était
super bon et mon intestin a obtempéré.
DAY 3. Agra -
Fatehpur Sikri - Agra.
Superbe mosquée de F. Sikri.
Cette photo ne lui rend pas justice, en termes de taille et de
majesté.
Trajet en bus pour y aller : Par
les fenêtres, la ville indienne cahotante et débordante qui défile.
Ça envahit les yeux, les oreilles et le nez (pas toujours en bien).
J'adore. Les cahots du bus se chargent de secouer le reste.
Trajet retour. Mélange visuel.
Jaune et mauve du sari d'une passagère. Je tourne la tête vers
celle de derrière. Rose et blanc. Rose et jaune. Vert pale de la
chemise et noir de la sacoche de mon voisin. Puis blanc et marron:
Blanc de la tunique traditionnelle de l'un des deux types montés en
cours de route, et marron... du fusil qu'il tient à la main, comme
son camarade. Oups, ça surprend.
Lire le "Times of India"
à côté de deux pékins équipés comme des guérilleros afghans ou
des Bédouins, sans doute égarés (espérons) : Check.
Aucun problème vis-à-vis de ça,
d'ailleurs mon meilleur indicateur était l'indifférence des
passagers. Mais ça fait bizarre. En fait l'attention était surtout
centrée sur la discussion animée du groupe de femmes (qui sans se
connaître, apparemment, se sont mises à tchatcher), notamment une
vieille femme frêle qui couvrait de sa voix impérieuse les autres
voix et presque le bruit du bus.
Cyrille LD : J'ai
l'impression d'y être dans ce bus !!!
Haïfa : Idem!
Farhâd : Merci !
Je découvre un phénomène
étrange: météo d'aujourd'hui, température 34 degrés, température
ressentie : 41 degrés. Ah oui, indice UV : 1 (nuageux). Terre de
paradoxes.
Premier véritable resto du
voyage. Seul client dans une salle de 50 couverts, serveur entre deux
âges très formel ("sir" après chaque remarque de ma
part, comme à l'armée, "yes sir", "sorry sir")...
et le repas est tout à fait délicieux.
Cristovao : Les fameux
Agra de morue?!?
Farhâd à Haïfa : Merci, moi
aussi je te like.
Haïfa : Il faut
absolument que tu reviennes avec la vraie recette des naans.
Laura M . : Ca donne faim
!!!!
DAY 4. Agra. Les
thèmes du jour : m'intégrer...
... et prendre un peu de hauteur
sur ce monde trop agité.
Denis : "Gendarmerie
Nationale, ne résistez pas !"
Farhâd :(dont acte)
Denis : 1er contact avec
le Taj ?
Farhâd : De loin pour le
moment. Le vendredi c'est fermé (jour saint). Ce sera demain au
petit jour !
Cyrille LD : Je n'ose
savoir ce que tu bois...
Farhâd : Hahaha.
Juste du thé, Cyrille.
ÉTAPE SUIVANTE de mon
intégration, accomplie ce soir : dîner dans une de ces échoppes
sur roulettes de bord de rue, ou la marmite de tandoori écarlate a
mijoté des heures, sur une petite table aux tabourets dépareillés,
bercé du chant envoûtant des klaxons. J'ai beaucoup transpiré
(piment), bien rigolé du concept de la "touk-touk party"
(descendre la canette de Kingfisher en douce dans le touk-touk pour
ne pas offenser le quartier (musulman), c'était très roots et bien
bon. J'avoue, j'ai été petit joueur: je n'ai pas bu l'eau du
pichet. Une bonne soirée. +100xp à mon avis.
L'étape à venir consistera à
digérer victorieusement ledit dîner Je vous tiens au courant
(sinon, je serai au tel avec Mondial Assistance). Bises.
Cyrille LD : Petit clin
d'œil à notre globe trotter indien, tout en sirotant un p'tit
whisky japonais en bonne compagnie : abandonne le thé, passe à
l'alcool local !! Hein Mickaël L.
Mickaël L. : On préfère
le tchin tchin au touk touk mais on pense bien à toi.
Farhâd : Vous, je vous
aime.
Karine L. : Vous êtes
dans quelle région du monde vous? Faites nous rêver aussi...
DAY 5. Ne te
cache pas petit sagouin !...
Noémi M. : Ouah! LE Taj
Mahal. Veinard!
Mickaël L. : Ça calme
mais j'ai trouvé exactement la même photo sur Google image! Es-tu
bien en Inde ou à Indes au fin fond du Larzac?
Farhâd : Tu es gentil,
encore, tu aurais pu me situer dans la Sarthe !
Cyrille LD : La Sarthe ?
C'est où cette région ? Le dernier explorateur à s'y être
aventuré n'en est jamais revenu
Cristovao : Alors, un petit
sagouin, un petit sagouin... ,... VU ! En haut à gauche, dans l'arbre (zoom sur la bête:
Http://queridobrazil.kazeo.com/.../le-sagouin,a3576336.html ) Sympa
ce parc animalier; mais dommage qu'ils aient construit un gros
bâtiment en plein milieu. Le Sagouin - Rubrique scientifique
Florence Lev. : Waouh le
rêve !
Farhâd : Merci Dr.
Cristovao Aniel !
Amélie : WWWWAAOUUUUH
!!!! trop beau ! et trop de chance.
DAY 5 (suite)
(photo : vue de la rue qui
défile depuis l'arrière de la jeep)
Extrait des carnets du professeur
F.M. (certains fragments ont été reconstitués, avec le risque
évident d'erreurs, lesdits fragments ayant été retrouvés dans
l'estomac de plusieurs vaches sacrées errant à demi sauvages, dans
les rues de Jaipur, Rajahstan, Inde) :
"J'attendais depuis un quart
d'heure près de la gare, mes bagages posés au bord du caniveau,
devant le portail de cet hôtel au nom étrange: डधदथठ
धबश्रहश,
littéralement 'hôtel Beau Rivage'. Dans un bruit de graviers, la
jeep dérapa devant moi. 'Mr M... ? Welcome to Jaipur !' me lança
l'aimable moustachu au visage patibulaire. Il me désigna l'arrière
du véhicule, où je jetai mes bagages à côté d'un gros sac de
toile qui remuait légèrement. Je montai, son assistant borgne et
manchot claqua la porte. 'Vas-y Chico*, mets les
gaz !' criai-je avec enthousiasme, très au fait des formules de
politesse jaipuriennnes. Le 4x4 démarra..."
*je n'étais pourtant pas sûr à
100% que ce fût son prénom.
"Le mot de passe était
"orange juice". C'était trop facile : j'aurais dû me
douter que c'était un traquenard."
Chou Kette : Tu pourrais
faire de chouettes BD. La suiiiiiiite!
Haïfa : On en veut
encore!!!!!
Chou Kette : Gros
suspense!
Farhâd : Hahaha. Haïfa
Chebbi , Chou Kette , je vous avouerai que j'ai un RIEN enjolivé la
scène. La BD pourquoi pas, si j'apprends à dessiner.
DAY 6. Jaipur :
Jaipur, vers 10h :
Jaipur vers 18h :
Attention attention ! Amis
moustiques, frêles araignées d'eau, jolies grenouilles, petits
garçons aimant sauter dans les flaques... Je déclare la saison des
pluies officiellement OU-VEEEEERTE !!!
(mais pourquoi je crie comme ça,
moi ?)
Cyrille LD : Mais
qu'est-ce donc ??? Est-ce encore "vivant" ???
Cristovao : 6ème jour de
voyage... Jet pur?!? Bonnes ablutions à toi mon ami.
Farhâd : Cyrille, c'est
le goûter que j'ai improvisé, dans le boui-boui où je m'étais
abrité de la pluie. Me disant que je resterais peut-être bloqué.
C'était très gras mais j'ai fait honneur au plat et ils étaient
étonnés d'avoir un client non indien.
DAY 6 - suite. Fait connaissance
avec mes voisins de chambre : Deux Hollandais, le père et le fils.
Sortis manger et boire une bière. Discussions très intéressantes.
Cigarette (hum...) qui tourne pour plus de convivialité. Bref, une
bonne soirée.
DAY 7. Jaipur.
Marche jusqu'à la vieille ville.
Aidé sur une partie du chemin par un petit trajet en cycle rickshaw.
Le type a du mérite, beaucoup de mérite. Son allure contraste avec
la rudesse de son métier: belle chemise, lunettes, la quarantaine
bien en chair, les cheveux teints en orange. Il met son poids dans
chaque mouvement, on fait du 15 km/h max sous le soleil déjà
violent malgré l'heure (10h).
A la vieille ville, je continue à
pied. Des rues orthogonales bordées d'arcades (ouf) contenant des
kilomètres d' échoppes. Menuiserie, bouffe, médocs traditionnels
et médocs à l'occidentale, chaudronnerie, mécanique, hi-fi,
portables, bijoux, quincaillerie, tissus, autobiographies de
Jean-François Copé, il n’y a que l'embarras du choix.
Laura M. : Alors si il y
a des autobiographies de Copé, tu n'as pas fait le voyage pour
rien...
Pendant ce temps, tout en
marchant je transpire de la pire façon depuis mon arrivée en Inde.
La faute à ma chemise, pourtant en coton et manches courtes,
bizarre. Elle s'imbibe à toute allure et me colle au corps. J'ai
l'impression de porter un k-way détrempé.
Farhâd à Laura : ne te
moque pas je te prie : c'était l'un des buts de ce voyage.
Au centre de la vieille ville
sont regroupés plusieurs édifices royaux ou princiers. Je visite un
palais élégant et labyrinthique, tout en hauteur, riche en
tourelles, balcons et petites cours presque cachées.
Retour en touk-touk. Le
conducteur me propose directement : 50rs. WTF ? Brave homme, ne vous
a-t-on pas dit qu'il fallait TOUJOURS essayer d'arnaquer un touriste?
En tout cas, je ne vais pas me plaindre. De l'ombre, pas d'effort (à
part me cramponner par moments), et comme d'habitude, un trajet haut
en couleurs, images et sensations. Une attraction meilleure que
celles du parc Astérix, pour 0,80€.
En fin de journée, nouveau petit
périple au vieux centre-ville. C'est sans doute un de mes moments
favoris dans les pays tropicaux : marcher dans des rues animées en
fin d'après-midi, quand la lumière déclinante donc radoucie rend
aux couleurs toute leur expression. Une heure qui se prête
excellemment bien aux photos. Impossible de résumer en quelques
lignes cette explosion de teintes, sur les murs, les façades, les
volets, les enseignes. Les véhicules de toutes sortes, les
marchandises exposées, les objets qui traînent et même les tas de
détritus. Les hommes et les femmes, piétons,
vendeurs, motards, enfants, groupes d'amis, groupes de fidèles en
route pour la prière... J'admire ça tout en surveillant par dessus
mon épaule régulièrement: les trottoirs sont tellement encombrés
que la rue est le seul endroit pratique où marcher !
En quittant la vieille ville je
me paume, mais alors bien. Pour faire court : bidonville, entrepôts
déserts, terrains vagues... Passage d'un touk touk, OK, négociation
pas claire, trajet bizarre, long, long trajet. Pas net. C'est bon,
arrêtez-vous là, je descends, ciao. Retour à pied, rues
familières, un bon gros biryani végétarien et retour à l'hôtel.
Nouvelle bonne discussion avec
mon voisin hollandais. Nouveaux arrivants : trois français. On
sympathise et bavarde jusque tard.
Mickaël L. : Ouf! Nous
avons bien cru te perdre.
Farhâd : Pas
d'inquiétude, le ministère indien de l'éducation vous aurait
immédiatement envoyé 883 remplaçants (si les proportions
démographiques sont respectées).
DAY 8. En rade à
Jaipur pour 1 jour.
… Les aléas du voyage !
Laura M. : Elle est où
l'autobiographie de Copé. Je veux une photo !
Farhâd : Ne t'inquiète
pas. Absolument TOUT ce que je relate ici est vrai. C'est le même,
traduit en hindi.
Me faire embrouiller par un
groupe de singes : check.
Montés sur le balcon, ils
renversaient les chaises et cherchaient de la bouffe. En me voyant,
au lieu de détaler ils se sont approchés et l'un d'eux a agrippé
mon sac ! J'ai tiré dessus et l'ai fait lâcher.
Méthode locale : les faire fuir
avec un bâton (plutôt une poutre, vues les dimensions).
Magali W. : Tu t'éclates en
fait !!
Farhâd à Magali : ce
qui est sûr c'est que ça me change (c'est un euphémisme ) et, oui,
je passe plein de supers moments. Merci ! Bises. J'espère que l'été
se passe bien pour toi et que ta maisonnée est à nouveau complète.
Marie Laurence : En rade
à Jaïpur pour un jour : c'est le titre de ton prochain roman, ça...
Un mélange de Huysmans, Duras et Beigbeder, le Farhad nouveau quoi.
Farhâd à Marie Laurence :
cette combinaison me tente, mais je ne connais pas Huysmans. Si tu
pouvais me le décrire ce serait cool.
Farhâd à Magali : désolé...
Sinon, quand rentres-tu au mois d'août?
Magali : Pour le retour,
j'en saurai plus ce week-end. On se tient au courant
Farhâd : Oui, ça on
maîtrise. Pour coordonner nos agendas surbookés c'est plus dur,
mais on va y arriver (si Ganesh veut).
DAY 9. Jaipur –
Udaipur.
Photo : le palais de Jaipur.
Amélie : maaawgnifique !
Parfois le comportement des
conducteurs, totalement dangereux et excessif mais compréhensible
dans son contexte, touche vraiment au cocasse. Nous entrons dans
l'immense cour du palais de Jaipur où se garent les véhicules et où
les visiteurs peuvent accéder à l'entrée. Au milieu de la large
rue, une belle et grosse vache noire occupe plus de la moitié du
passage. Le touk-touk garde sa trajectoire et accélère. Mais enfin,
mec, tu ne vois pas qu'il y a une VACHE juste devant toi?!
Embarquement pour Udaipur... (2e
tentative)
Mickaël : Je crois qu'au
retour tu n'envisageras plus ton vélo de la même manière...chaud
devant!
Farhâd : Oui, ce voyage
m'a permis de faire une bonne enquête de marketing. Je vais me
lancer dans la vente de klaxons 10 fois plus puissants, y compris
pour les vélos.
DAY 10 à
Udaipur, donc.
Je tiens à préciser aux plus
curieux d'entre vous qu'hier, pendant ce trajet de 7h30 en train,
j'ai rencontré le sosie indien caché de José Bové. UDAIPUR donc,
c'est une ville plus petite, autour d'un lac et entourée de
montagnes. Il y fait nettement plus frais (pas toujours). Le
touk-touk me mène dans des rues sinueuses et vallonnées, parmi les
immeubles resserrés. Je me croirais en Vespa dans un vieux film
italien. La guest house a une architecture intérieure très cool. Ma
chambre est au 3e, vue plongeante sur la ville, vue sur le lac (voir
avant dernière photo). Resto au dernier étage: Même vue. Un groupe
de jeunes Français détendus passe une bonne soirée. Sans doute
étudiants. J'aime bien cet endroit. On discute un peu.
Ce matin. Balade vers le lac. Des
sortes de portiques de temple avant d'arriver au bord de l'eau, comme
sur certaines images du Gange que j'ai vues. Un musicien joue, des
touristes indiens se promènent, une vieille femme prie. Je donne
quelques pièces au musicien, il lance la discussion et me fait
essayer son instrument.
Je visite le palais. Immense.
J'ai trop chaud et j'ai soif. A ma sortie, deux mecs viennent
discuter aimablement, puis ça parle argent. L'un d'eux a tout de
même eu Jean Dujardin comme client dans sa boutique (ils savent que
je suis français) et l'autre a pour grand-père
l'homme qui a refait les
miniatures dudit palais d'Udaipur. La classe quand même! Ha ha ha.
Par erreur et par hasard je
découvre le zoo d'Udaipur. Un vieux zoo décrépit mais un endroit
intéressant. Je suis le seul étranger (à part un jeune Japonais en
short, mais c'est de la concurrence déloyale, les Japonais ont la
palme du swag touristique). Plein de monde - des Indiens, donc. Et je
comprends pourquoi: un zoo c'est un grand espace vert et arboré,
sans VÉHICULES, sans VENDEURS, où ils peuvent simplement flâner
dans le calme, en famille, entre amis, entre amoureux.
Car disons-le, je pense que pour
un Indien (car pour un touriste de passage l'enjeu est beaucoup plus
faible - pour ma part, même quand des choses ici me font mauvaise
impression, je pense que j'arrive à les prendre avec humour), la vie
en ville doit paraître *pourrie*. Bruit. Pollution. Accidents.
Foule. Bousculades. Pollution visuelle. Manque d'hygiène...
DAY 11. Udaipur.
Belle balade sur le lac dans les
brumes matinales... Puis après une balade dans des ruelles
improbables, je trouve la maison non moins improbable d'un couple de
vieux très polis, l'endroit qu'on m'avait indiqué pour suivre des
cours de cuisine. Ils appellent leur fille qui arrive en scooter. Une
femme sympa très anglophone (elle parle même trop vite pour moi).
Elle me montre son resto. Hop, cours de cuisine bookés pour demain
matin : 4h de cuisine indienne !
Haïfa : Ah j'espère que
l'on aura droit à une dégustation à ton retour???
Farhâd : Avec plaisir !
Même si ça me met une certaine pression, là. J'espère réussir à
reproduire ce qu'elle va me montrer.
Mickaël : Tu as intérêt
Fafa!
Cyrille : J'en salive
d'avance !!!
Emmanuelle : Moi aussi je
veux goûter ça à ton retour !!!
Cécile : Pareil, on
attend la démo !! Lors d'un prochain Gourel ?
Après déjeuner, étant bloqué
par la pluie soudaine, j'ai pris racine dans le resto où j'avais
mangé, regardant la pluie tomber tel un digne autochtone. Ça a été
l'occasion de bavarder avec le patron et un employé, sur un mode
décontracté.
Là, au dernier étage de la
guest house où je loge, là où se trouve le resto de ladite guest
house, il n'y a que des (jeunes) Français! Et la moitié sont, comme
moi, silencieux, concentrés sur leur smartphone connecté en wifi.
Autre époque, autres mœurs (que lors de mon 1er voyage en Thaïlande
en 2000, par exemple).
Farhâd à Emmanuelle et Cécile
GF : c'est noté! Avec un immense plaisir.
Aaah enfin, j'ai réussi à
publier la photo de ma guest house. Je crois que c'est le chant du
muezzin qui m'a aidé. Qu'est-ce que c'est BEAU, majestueux et
APAISANT !
Cécile : Splendide,
effectivement !
Farhâd : En fait c'est
de la beauté du chant du muezzin que je parlais, mais la guest house
a de la gueule, je suis d'accord.
Cristovao : Perso,
j'avais compris (et approuvé) pareil que Cécile!
Photo précédente : vue depuis
la terrasse de mon resto de ce midi. En dessous, un bout du lac
(chargé d'algues et de détritus, mais beaucoup de gens apprécient
de flâner au bord de l'eau, moi également).
Amélie : merci pour la
photo. Sinon hâte aussi de déguster un met de tes cours de cuisine
mais d'abord nous aurons les photos de tes préparations ! Hihi.
DAY 12. Udaipur
-- New Delhi.
Départ en fin d'après-midi pour
Delhi. Arrivée prévue demain à 5h10. Mon plus long voyage en
train...
Hier soir, bon dîner dans un
resto avec jolie vue, branché diététique et agriculture équitable.
Découverte avec stupeur d'à
quoi correspond mon plafond de retrait bancaire hebdomadaire. ��
Je comprends pourquoi beaucoup
d'Occidentaux partent en Inde avec plein d'espèces. Il me reste
1000rs pour tenir jusqu'à après-demain : Pas rassurant. Du coup j'y
pense à chaque moment. Mais si j'évite les imprévus, ça devrait
aller.
Mon cours de cuisine était
génial, très dense, intéressant et agréable. On cuisinait
ensemble, et le couple qui s'en occupe m'expliquait des quantités de
choses. J'ai envie de tester ! Mais avec moins de fritures que mes
professeurs.
Cristovao : Salut Farhâd,
désolé pour le compte American Express, y avait une bonne offre sur
des jantes alliage, mais je te rembourserai, t'inquiète.
Farhâd : Ordure. Je te
hais !
Blastien : pendant que tu
dépenses ton argent avec les indiennes, y a ton appartement qui est
recouvert d'une toile d'araignée énorme et d’échafaudages...
bises
Farhâd : Héhé. Je
sais, j'abuse... Pour l'immeuble, cette affaire a commencé quand
j'ai acheté ce gros œuf verdâtre à un sympathique brocanteur
asiatique.
DAY 13. New
Delhi.
Les emplacements vides de ma
boite de médocs contre le palu m'aident à compter les jours
efficacement ! Arrivé à l'aube par le train de nuit : 12h30 de
train, une chose a priori impossible en France, voire en Europe,
Russie exclue (qui relève le défi?).
... Et en fait c'est passé super
vite. J'ai beaucoup dormi (et me suis beaucoup réveillé), bercé
par le mouvement et le bruit régulier, comme tous mes voisins de
wagon, également assommé par ma grande fatigue accumulée...
Car je connais de surcroît un
passage à vide depuis environ 2 jours. Ça coïncide avec mon coup
d'inquiétude concernant l'argent. Qui n'a été en fait qu'une
étincelle. Ce voyage a des côtés rudes.
Revenu à Delhi dans ma GH
initiale , avant de repartir demain soir pour les montagnes. Il fait
trop chaud dans la capitale. A part dans sonsuper métro nickel. J'ai
été fou de m' entêter à faire un gros trajet à pied (pour
trouver le bureau où acheter mon ticket de bus pour le Nord).
J'ai envie de : 1) silence (pas
eu une nuit sans ventilo ou clim façon "moteur d'avion",
ou le chant des moustiques) 2) de verdure 3) d'une température
tempérée.
Quelques remarques en vrac :
1)En fait les jeunes Indiens sont
tous des hipsters qui s'ignorent. 2) vu dans Delhi :
"Free TB clinic" (tb :
Tuberculose). Ça aussi ça dépayse... 3) beaucoup de quartiers
privés clôturés, baptisés "colonies". 4) fumer aide à
supporter la chaleur.
Cours de cuisine d'hier en photo.
Non, vous ne me verrez pas en personne à l’œuvre sur Facebook: le
tablier rose à carreaux dont on m'a équipé y est pour beaucoup.
A 6:30 du matin, à la gare, il y
a DÉJÀ foule. ��
Cynthia R. : Tu vas où
en montagne ? Si tu peux pousses jusqu’à Leh ! Calme, frais et
beau ! Et puis la route pour y accéder (2 a 3 jours de 4x4, suivant
combien de fois tu crèves, et le nombre de ponts hs) mérite le
détour, succession de paysages de oufs !
Farhâd : En voilà une
idée ambitieuse! Je note, merci !
Miiss Jones : Farhâd,
pour avoir déjà testé un peu le pays, j'adore suivre ton voyage
merci de nous le faire partager et si tu écris un livre sur le
sujet, j'en veux un !!!
Farhâd : C'est très
gentil , je suis flatté ! Quant au livre, j'y réfléchis. Il faut
juste que je trouve un titre hyper accrocheur et que je fasse passer
ça pour un projet commun V.Trierweiller-BHL-Nicolas S. Pour être
sûr de faire un gros buzz et de récolter des millions.
DAY 14. Delhi.
Et ce soir, montée dans le bus
pour Shimla, dans l’état de l'Himachal Pradesh. Mon but, dans
cette ville de Delhi où circuler est difficile et où la patronne
elle-même a annoncé qu'aujourd'hui serait "very hot and very
wet", sera de rester le plus possible sous des ventilateurs ou
dans des lieux climatisés. Vérification faite, je confirme que
d'autres ont déjà fait cette recherche avant moi sur Google :
"places with AC - Delhi". D’après les forum, ce sont
parfois des Indiens. Résultat: Quelques musées (fermés lundi), le
métro (j'avais remarqué - je l'aime ce métro !), un des bazars de
la vieille ville et... les grands centres commerciaux ! Eurêka ! Qui
en plus, ont poussé à Delhi comme des champignons. L'occasion de
trouver un bouquin et un bon cinéma bien indien comme il faut,
inch'Shiva.
J'admets qu'avec un tel projet on
est loin des anciennes splendeurs mogholes du Taj Mahal et des
balades sous les arcades commerçantes de Jaipur, mais je crois que
vous en feriez tout autant à ma place. De plus, c'est une autre
facette de l'Inde...
Bientôt, sur vos écrans (sur
Facebook), une description de la salle de cinéma la plus luxueuse du
monde. Le récit d'un film de 3h en hindi non sous-titré, où je me
suis éclaté, j'ai rigolé et presque pleuré - pas un soupçon d'ennui. Et beaucoup d'autres
choses en encore. En attendant, départ bientôt par un bus de nuit
Deluxe pour Shimla, 10h de route. Bises à tous !
Denis : Love. D.
Sandrine C. : Have
a safe travel.
Farhâd : Merci merci !
DAY 15. Shimla !
La montagne, ça vous gagne !
Mon périple a réussi. Après
une longue attente à Delhi au point de départ des luxueux bus de
nuit pour l'Himachal Pradesh, j'ai embarqué et voyagé 10h. J'ai
somnolé et cru mourir dix fois. Quand un rickshaw fait le fou a 40 à
l'heure dans les rues, on risque sa peau mais on s'amuse. Quand c'est
un gros autocar Volvo qui pile devant des camions au comportement
erratique, le klaxon mugissant dans la nuit, sur des routes
cahoteuses où l'on ne voit QUE D'ALLE, c'est beaucoup moins drôle.
Mes compagnons de route, eux, ronflaient paisiblement.
Remarques en vrac : 1) pas mal
d'immigrés d'Extrême-Orient à Delhi, c'est intéressant. 2)
pendant 1 jour à la guest house de Delhi, j'aurai donc eu un
domestique coréen, très classe et poli. C'est du dernier chic,
paraît-il. 3) Être pris pour un Indien : j'en suis à plus de 15
fois. 4) pisser dans des chiottes publiques de rue à Delhi : check.
Il faut respirer prudemment et par la bouche (comme ce qu'on fait
dans une morgue, d'après mes lectures policières). 5) Problèmes
d'argent résolus (je crois).
Plus tôt dans l'après-midi,
j'ai vu le dernier blockbuster de Bollywood dans le ciné le plus
chic du monde. Espace individuel : 1m de large, plus d'1,20m pour
étaler ses jambes. Une petite lampe de chevet très design et 4 boutons individuels, comme dans
l'avion (régler siège, appeler une hôtesse, etc.). Ladite hôtesse
passe prendre votre commande de pop-corn à 300 roupies. Le son du
cinéma est enveloppant et parfait, l'image superbe (et évidemment
numérique), moquette et déco raffinées... Les multiplexes de notre
région parisienne peuvent aller se rhabiller (expression peu logique
stricto sensu, je l'admets).
Le film lui-même: 3h en hindi
mais j'ai à peu près tout compris. Une fillette pakistanaise se
perd en Inde pendant un voyage avec sa mère. Seule et perdue,
incapable bien sûr de passer la frontière, elle est heureusement
prise sous l'aile du héros, une star du cinéma, champion de lutte,
qui laisse son épouse pour un périple clandestin, épique, rigolo
et émouvant dans le pays voisin, pays frère et ennemi tout à la
fois. Ça danse (incontournable ! Des scènes de comédie musicale
avec 3000 figurants, des costume incroyables... On en a pour son
argent) ça se bagarre, ça vit des aventures, ça pleure... De beaux
sentiments et un message de réconciliation entre les deux pays.
Soit dit en passant : ce matin,
attentat au Punjab, 7 morts + les 3 assaillants. On est dans le vif
du sujet. et ça, c'était à moins de 100km d'ici.
Shimla ! Un hôtel luxueux, un
peu vieillot (vivent les années 80). Une jolie ville, certes
indienne donc bruyante, mais toute petite et tout le centre est
piéton ��!!! C'est le lieu de villégiature des
Delhi-iens (Delhissois ? Delhicieux ?). Donc je croise des gens qui
sont avant tout en vacances, détendus...
Ça me fera vraiment du bien, car
j'ai besoin de repos, entre la grosse chaleur des autres jours, le
mauvais sommeil, les maux de ventre, les repas sautés par manque de
temps ou de restos adaptés à mon petit estomac d'Européen...
J'oublie le plus beau : Ici il
fait DIX DEGRÉS DE MOINS!
A Shimla, une personne sur quatre
porte un parapluie. Je m'en suis acheté un. Pourtant il ne pleut pas
tellement, et sûrement moins qu'ailleurs en Inde. Alors pourquoi, me
demanderez-vous ? Bande de petit curieux. Les parapluies, ce n'est
pas contre la pluie... Mais contre les SINGES!!
Si vous êtes sages, je vous
expliquerai pourquoi. Je vous expliquerai aussi pourquoi, dans cette
jolie bourgade, manger un goûter tout en marchant est périlleux...
Annabelle : Je suis sage
!!! Hâte de lire la suite.
Farhâd : Ça, je n'en ai
jamais douté.
Photo : pas le même ciné
qu'à Delhi, of course, mais voilà le film !
Mais revenons à nos moutons :
les singes et les parapluies...
Si un singe décide de t'attaquer
(ici, le singe est hardi, imprévisible et à la recherche de bouffe
à voler) il s'avère que tu ne pourras rien faire car sa rapidité
est digne de "Matrix" et il a deux fois plus de force dans
les bras qu'un humain (même un petit macaque, comme ici). Il faut
pointer vers lui un bâton ou une canne pour l'effrayer. Et comme se
balader avec une canne, ça fait bizarre quand on n'est pas vieux,
ici tout le monde achète un parapluie !
Et j'ai bien fait d'en faire
autant ! Je mangeais en marchant un muffin aux dattes. Dans la foule
des passants. Je vois une petite forme sur le côté. Il s'apprête à
tenter quelque chose... J'agite mon parapluie vers lui. Il montre les
dents. Mais il s'éloigne. Deux jeunes Indiens rigolent, m'ayant vu
me plier aux méthodes locales. Je leur souris, fier de mon coup.
Et tout près d'ici se trouve un
grand et réputé sanctuaire de Hanuman, le dieu singe. Je veux aller
le visiter demain et il paraît qu'on croise sur le chemin beaucoup
de macaques ; ça va être fun !
Emmanuelle : Alors demain
tu es à la diète ou tu achètes un deuxième parapluie pour en
avoir un dans chaque main... Ce qui du coup t'empêchera de manger...
Farhâd : Je t'adore, tu
as toujours de bonnes idées.
Cynthia : J'ai toujours
mon parapluie acheté là-bas !
Farhâd : Ha ha ! C'est
génial. Je me sens beaucoup plus dans la norme, du coup.
Emmanuelle : C'est
important d'être là pour donner de bons conseils à ses amis ! J'en
ai fait une priorité dans ma vie.
DAY 16. Shimla.
Tout d'abord, je vous prie
d'accepter mes excuses pour l'absence ou le faible nombre de photos.
J'arrive à me connecter à chaque étape, mais généralement avec
une qualité de connexion médiocre.
Bien dormi, moi. Un thé, des
fruits et je monte vers le centre-ville. Petit dej à l'Indian Coffee
House, une copie de club pour gentlemen où presque tous les clients
sont des hommes dignes entre deux âges, qui m'observent tous à mon
arrivée, se taisant presque tous. Omelette, toasts, un café chaud.
Tenté de réserver une rando
avec guide prévue demain. Résultat incertain. L'après-midi,
randonnée en solo jusqu'à ce qui était autrefois la résidence des
vice-rois d'Inde (des Britanniques, donc). Un édifice magnifique,
notamment ses boiseries.
Et je comprends que les
Britanniques aient choisi Shimla comme résidence: la nature est
belle et plus encore, comme c'est bon ce climat tempéré.
Depuis l'indépendance, c'est
l'Institut indien des technologies de pointe. Plusieurs autres
instituts supérieurs dans les environs. Je croise pas mal
d'étudiants, tous en uniforme.
DAY 17. Shimla.
Être au téléphone 40 min avec
un call center situé en Inde, DEPUIS l'Inde. Original, non ?
Miiss Jones : Normal.....
Farhâd : Ça a été
plus fatigant qu'une partie d'échecs, à cause des accents (le leur
et le mien) et de l'enjeu: changer mon billet d'avion, indiquer sans
erreur mes coordonnées bancaires... J'avais le cerveau qui fumait.
"so... I'll spell you my name : M as in Michael, O as in
October, B as in... euh, euh... Bombay !!..."
Ils ont été d'une grande
patience et assez aimables, je dois l'avouer.
Miiss Jones : Ah ça c
sûr ils sont patients....mais, par téléphone, c encore pire quand
tu tentes d'expliquer un truc et qu'on te dit "OK, OK" mais
que, au bout du compte, bah....ils n'ont RIEN compris.....aaaaahhh au
secours !! Mais quelle idée aussi, toi avec ton nom, tu ne leur a
pas facilité la tâche, j'te jure..
Farhâd : Disons que mon
nom est aussi inhabituel pour un Indien que pour un Européen,
là-dessus c'est assez régulier.
DAY 18. Shimla.
Gravi la colline, atteint le
temple de Hanuman par une vigoureuse ascension dans les bois. Pas eu
de confrontation terrifiante façon"King Kong" où des
centaines d'adorateurs simiesques du dieu singe se jetteraient sur
l'explorateur imprudent...
Au sommet, c'est paisible et fort
joli. Il faut juste surveiller ses affaires, autrement vite
chapardées par les macaques. Je découvre donc l'intérieur d'un
temple hindou. D'après les peintures mythologiques qui le décorent,
Hanuman serait un dieu bienveillant avec une assez forte dimension
guerrière.
Surtout, dehors, au milieu des
arbres, une statue orange du dieu singe s'élève au-dessus des arbres, au point culminant de
la colline. Elle fait bien 30m de haut !
Des offrandes de nourriture
peuvent être données aux singes. D'autres offrandes, encens,
effigies, peuvent être déposées dans le temple.
DAY 19. Delhi.
Rentré par le même bus de nuit
dans la démesurée capitale de ce pays.
A nouveau, un autre voyageur
sympa engage la discussion. On sympathise pendant le long trajet.
Étudiant en hôtellerie et donc aussi en tourisme. Seulement en 1e
année mais intarissable sur la géo, la culture et, forcément, sur
les hôtels, les trains de luxe et la cuisine. En ce moment il semble
à fond dans la cuisine française ! En tout cas, pour un étudiant
en première année c'est déjà une encyclopédie.
Comment allez vous : Aap kaise h,
aap kaisi h. Bye : Bye. J'y vais : Ab mai ja raha hu. Haan, na
: Oui, non. Good morning : Suprabhat. Shubhratri : Good night.
Bonne journée: Aap ka din shub ho. C'est tres bon / délicieux:
Khana aacha bana h. Ye (jagah) kahan h ? Où est (cet endroit)?
Images pendant le trajet de nuit
vers Delhi : 1- Les camions indiens parfois c'est des oufs, ils
roulent les feux arrière éteints... De vrais malades. 2- Nous avons
eu un arrêt subit peu après le départ, au milieu des collines,
nuit noire. Comme personne ne m'expliquait et que les autres
passagers regardaient souvent dehors vers deux véhicules arrêtés,
je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux terroristes pakistanais,
comme avant-hier. En fait, juste un accrochage avec un automobiliste
ivre. 3- Nous avons avec nous le sosie indien de Gary Oldman (à lunettes, comme dans
Batman). 4- Certains klaxons de camions sont musicaux. Certains
camions (surtout dans le Nord) étaient décorés de façon kitsch et
bariolée, à la façon pakistanaise.
5- La périphérie de Delhi en
arrivant en car au petit matin : C'est Sim City. Chantier immense (et
vide) de ponts routiers et échangeurs. Immeubles nombreux au loin,
apparemment récents mais à l'allure inconfortable : On doit y
étouffer. En plus ils ont l'air vides.
6- A l'arrivée à mon hôtel
(luxueux) : Réceptionniste sikh classe, turban et petites lunettes,
apaisant et flegmatique : Il m'explique tout, puis précise "also
tonight, we will be serving chocolate cookies". Ça dénote de
façon amusante avec le reste, comme s'il était une brave maman
anglaise ayant tout juste laissé ses fourneaux.
Un cri du cœur sur ce panneau, à
Delhi : "pour l'amour de Dieu, arrêtez de klaxonner !"
(page suivante).
Parenthèse sociologique:
POURQUOI les Indiens klaxonnent-ils tout le temps ? C'est un moyen de
communication, qui veut dire généralement "attention j'arrive,
laissez moi doubler" ou "je suis là, ne déboîtez pas"
etc. Mais c'est systématique. J'ai parfois vu des véhicules
débouler sur une place vide en klaxonnant cinq fois !
Chaque véhicule a son cri :
Petit et aigu pour les deux roues, plus puissant pour les voitures,
etc. J'ai hâte de voir des manœuvres navales en Inde, ça doit
donner ! Bref, tout cela fait un peu penser aux manchots sur la
banquise (cf. La marche de l'empereur ) : je pousse mon cri en
continu, pour qu'on sache que je suis là et qu'on me reconnaisse.
Deuxième parenthèse socio : Les
femmes dans les transports publics. Elles sont là, mais quatre fois
moins nombreuses qu'en France. Je pense qu'ici : 1- elles voyagent
moins. 2- quand elles le font, c'est plus souvent en voiture
individuelle et/ou avec toute la famille. 3- dans le train, et dans
le métro de Delhi, il y a des wagons réservés aux femmes, si elles
veulent être plus en sécurité. Toutes ne les utilisent pas, ça
dépend des personnes.
La photo du jour :
(Légende: rue du centre de
Shimla.)
Amusez-vous, si vous le
souhaitez, à comparer le premier plan à gauche, l'arrière-plan au
centre et le premier plan à droite. Les rues indiennes sont
généralement un super mélange. Prenez également quelques instants
pour remarquer la diversité des tenues (rudimentaires ou modernes)
et des visages.
Excellent dîner au resto de mon
hôtel, une adresse réputée... (oui je sais, mais quand on est dans
le showbiz on doit tenir son standing). Une armée de serveurs plus
courtois et pros les uns que les autres. Je me suis fait servir ma
boisson par le sosie de Benoît Poelvoorde, au sourire aussi
débonnaire que celui de son modèle (sosie sino-indien,
apparemment).
DAY 21. Home, oh
sweeeeeeet, sweet home !
Le matin. Trajet nickel (même si
mes 10kg de bagages sont devenus 13kg), métro rapide jusqu'à
l'aéroport. Attente...
Discuté avec un vieux médecin
français revenant d'une mission avec une ONG, dans le Ladakh.
Sympathique, le visage creusé avec un grand nez. C'est son cinquième
voyage en Inde.
Flic de la police aux frontières
: d'abord un air désagréable (normal), puis devient aimable une
fois les contrôles effectués sur son ordinateur. Après que je lui
aie dit (même s'il le sait déjà grâce à son dossier) que j'étais
enseignant : "you'll send us students !".
Être pris par erreur pour un
Indien : j'en suis à 30-40 fois.
Vol Air India 143. Petite mélodie
dans l'avion, pendant que les passagers s'installent. Ça ressemble à
une "Marseillaise" remasterisée avec des instruments
traditionnels indiens et un côté jazzy. Ça fait drôle... Après
une écoute plus attentive, je confirme, c'est bien "la
Marseillaise".
DAY 20. Delhi.
Revenons un peu en arrière...
Fin de matinée à Delhi, visite
du paisible et frais temple bahaï du Lotus, situé lui-même au
milieu d'un grand parc où la chaleur est, comme ailleurs dans la
ville, étouffante.
En fin d'après-midi, je me remue
pour aller retirer de l'argent pour aller manger. C'est la nuit, vers
20h, place Rajiv Chowk (aussi appelée Connaught Place, la plus
connue des étrangers à Delhi). Et là... d'abord je me force, puis
je me laisse happer.
Je me dis que je vais faire le
tour de cette grande place (ce qui implique de traverser au moins 6
ou 8 avenues chargées), une sorte de déambulation dans le chœur
d'une église, pour trouver l'inspiration quant à où je vais aller
ce soir. Ça prend ensuite la forme d'un dernier bain dans la foule
indienne, une dernière balade dans la ville indienne, dans la nuit, dans la masse vivante,
dans l'agitation des piétons et des vendeurs et des véhicules. La
musique et les klaxons et les voix. L'odeur d'encens. L'odeur légère
des corps.
Connaught Place, ce sont les
Champs Elysées que l'on aurait enroulés autour de la place de
l’Étoile Puis que l'on aurait remplis d'Indiens.
Mais vraiment remplis. Véritable
traversée d'une discothèque à l'heure de pointe. Les jeunes sur
leur 31, les vieux endimanchés, tous ces gens qui se croisent, se
collent à cause de la foule (géographiquement, l'Inde appartient
décidément aux pays latins) et qui discutent.
Tout cela dans la nuit, nuit
pleine de phares, d'enseignes, de projecteurs et de néons. Nuit
pleine de luxe et pleine de pauvres. La nuit indienne.
Bref, ce pays est fou, ce pays
est beau, et toutes les raisons étaient réunies pour qu'au bout
d'un moment, je n'arrive plus à supporter d'y être.
Et demain, réveil très matinal,
sac à dos, métro, aéroport et... pour être grandiloquent, adieu
aux Indes.
(sans que cette grandiloquence
reflète ma pensée pour autant)