mercredi 14 octobre 2015

Journal d'Inde

Après trois semaines de crapahutage sur le sous-continent indien, j'ai compilé mes impressions dans ce journal... Je vous souhaite une bonne lecture !


-- Paris – New Delhi
aller/retour --



DAY 1. Lundi 13 juillet 2015

Où il apparaît que Delhi, c'est un peu comme Paris avec : 1, environ 15 degrés de plus, 2, pas de trottoirs, des gravats ici et là et plus de désordre architectural, 3, des touks-touks qui se croisent, une circulation beaucoup plus dense et nerveuse, 4, un air parfume de senteurs fortes de grande ville tropicale et de parfums végétaux qu'on croirait sortis d'une assiette de tandoori fumant (bonjour les clichés), 5, environ 45 degrés de plus et 6, il fait chaud (si je ne l avais pas déjà dit). J'ai été super bien accueilli et, simplement pour réserver un billet de train pour Agra, 10 personnes différentes (que je ne connaissais bien sur pas ce matin en arrivant, tout vaseux, a l’aéroport) ont eu la gentillesse de venir m'aider ! Et puis je me sens bien, la tête vide et c'est super agréable de se vider le crane de tout ce que nous pensons dans notre vie quotidienne, de tous nos tracas habituels, de ce que nous sommes...
Mon seul souci : trouver un moyen de transport pour rejoindre Agra demain, avec son Taj Mahal, si possible sans passer 10 heures à camper et mourir de soif dans une gare bondée (mon fantasme absolu sur l'Inde). La suite au prochain numéro !
Je découvre aussi que les Indiens sont comme les Iraniens, l'accent en plus. (et, je dois le dire, avec une température ambiante de 65 degrés supérieure)
Jérôme D. : C'est important de se vider le crâne !! Bon voyage à toi.
Mickaël L. : Début d'une introspection salutaire et caniculaire si j'ai bien compris (mais je ne suis pas sûr). Bon voyage.
Cyrille LD. : Tu as le don de nous faire voyager au travers de ces quelques lignes... Vivement la suite de tes aventures indiennes
Farhâd à Jérôme: Merci mec ! Mickey: Si, tu as bien pigé mon Mickey mais avec autant de monde, peu d'espace pour l'introspection. Cyrille: Tant mieux, par contre ils me parlent tous en vieil iroquois: je crains d'avoir fait une erreur dans la planification de ce voyage mais j'ignore laquelle.
Marie-Hélène TC : C'est plus exotique que la Charente maritime l'an dernier !! Moi j'y suis toujours !
Farhâd : Mais mon grand amour pour la Charente n'a pas diminué non plus!
Marie-Hélène TC : OUF !!!


DAY 2. Delhi-Agra

C'est lorsque je loupe un téléchargement d'un compte-rendu de 30 lignes que prend tout son sens une vertu indienne dont je voulais parler ici. Tant pis, on va raccourcir et faire ça étape par étape :
Denis : Ne te fais pas raccourcir !
Lever et au revoir a cette famille sympathique. Le métro de Delhi : Il faut se faufiler parmi des sardines surchauffées (comme moi d'ailleurs) pour y entrer et notamment pour franchir le portique de sécurité type aéroport, mais une fois à l'intérieur c' est super, clean, frais et rapide. Dans la foule de travailleurs du matin, je vais vers la gare...
Denis : Je suis désolé Faf', j'interprète...
La gare. Là c'est du lourd. Indian Railways : 2e entreprise mondiale en nombre de salariés. La gare est grande, blindée de monde à toute heure, avec un système super organisé malgré son allure rustique, visuellement parlant. Mais ce n'est tout de même pas mon élément et j'erre une demi-heure avec mes sac comme une âme en peine, évitant de marcher sur les pieds ou les mains de ceux qui attendent (mais comment font-ils pour être si philosophes ? Et qu'attendent-ils, pour certains d'entre eux qui semblent être là depuis l'indépendance?).
Tout cela, faut-il le rappeler, par une chaleur à faire laquer un canard. Esquivant également les rabatteurs escrocs, j'ai le temps la beauté de cette foule en mouvement, fascinante par son nombre et son efficacité. La beauté, individuelle celle-ci, des peaux et cheveux sombres et des tenues variées et parfois chatoyantes.
Je trouve finalement mon Graal, dans un bureau (avec clim, alléluia) où je réserve plusieurs billets d'avance et surtout, où je réserve mon trajet du jour que je croyais foutu : Agra, départ 17:25... Ah oui, j'oubliais : Il est 11:15. La vertu indienne dont il est question aujourd'hui et que j'essaie de pratiquer a mon modeste niveau est bien évidemment la patience.
Passons sur ces heures d'attente. Mon trajet en classe 2AC m'amène à Agra. Mon chauffeur de touk-touk, c'est un ouf. Il démarre les premiers 500m à contresens, sous les klaxons multiples (klaxonner est ici un moyen normal de signalisation de sa position et de ses intentions de conducteur). Trajet jusqu'à ma guest house, façon Mario kart. Bien reçu, on me propose même un bon petit programme de visites (pour un coup qui me semble super raisonnable). Allez, si la clim est bien lunée, une bonne nuit de sommeil et une journée riche m'attendent. Bises à tous.
Denis : Bonne nuit et euh... Gaffe quand même. Pas de raccourcissement...
Farhâd : Je t'enverrai des photos régulières.
Cristovao : Super ces comptes rendus (qui seront quotidiens inch'Allah?). Humour, informations, impressions et réflexions, façon Farhâd : je suis client!!
Cristovao : Rapport à la déconvenue du téléchargement disparu, et rapport à se faire des souvenirs pour l'avenir (le jour où Facebook ne sera plus / ou plus comme ça...): fais-le aussi à l'ancienne ton journal de voyage, sur un cahier d'écolier!
Farhâd : You're f...ing right, pal (as usual).
Ingrid T. : C'est ta nouvelle façon d'écrire ton prochain bouquin? Sympa.
Mickaël L. : J'adore ! FB à travers les yeux de Fafa en Inde c'est digne d'un bon Tintin la plume caustique en plus.
Julien L : Ahh je découvre avec plaisir tes comptes rendus de voyage dont je suis moi aussi un grand fan ! Profite bien de ton périple ! Ps, je suis d'accord avec Christophe : un journal à l'ancienne en doublon a aussi du bon, au cas où...
Bon appétit !
Denis : Tou-ri-sta ! En avant les histoires ! (Sur un air de Playmobil)
Farhâd : Non, c'était super bon et mon intestin a obtempéré.


DAY 3. Agra - Fatehpur Sikri - Agra.
Superbe mosquée de F. Sikri. Cette photo ne lui rend pas justice, en termes de taille et de majesté.
Trajet en bus pour y aller : Par les fenêtres, la ville indienne cahotante et débordante qui défile. Ça envahit les yeux, les oreilles et le nez (pas toujours en bien). J'adore. Les cahots du bus se chargent de secouer le reste.
Trajet retour. Mélange visuel. Jaune et mauve du sari d'une passagère. Je tourne la tête vers celle de derrière. Rose et blanc. Rose et jaune. Vert pale de la chemise et noir de la sacoche de mon voisin. Puis blanc et marron: Blanc de la tunique traditionnelle de l'un des deux types montés en cours de route, et marron... du fusil qu'il tient à la main, comme son camarade. Oups, ça surprend.
Lire le "Times of India" à côté de deux pékins équipés comme des guérilleros afghans ou des Bédouins, sans doute égarés (espérons) : Check.
Aucun problème vis-à-vis de ça, d'ailleurs mon meilleur indicateur était l'indifférence des passagers. Mais ça fait bizarre. En fait l'attention était surtout centrée sur la discussion animée du groupe de femmes (qui sans se connaître, apparemment, se sont mises à tchatcher), notamment une vieille femme frêle qui couvrait de sa voix impérieuse les autres voix et presque le bruit du bus.
Cyrille LD : J'ai l'impression d'y être dans ce bus !!!
Haïfa : Idem!
Farhâd : Merci !
Je découvre un phénomène étrange: météo d'aujourd'hui, température 34 degrés, température ressentie : 41 degrés. Ah oui, indice UV : 1 (nuageux). Terre de paradoxes.
Premier véritable resto du voyage. Seul client dans une salle de 50 couverts, serveur entre deux âges très formel ("sir" après chaque remarque de ma part, comme à l'armée, "yes sir", "sorry sir")... et le repas est tout à fait délicieux.
Cristovao : Les fameux Agra de morue?!?
Farhâd à Haïfa : Merci, moi aussi je te like.
Haïfa : Il faut absolument que tu reviennes avec la vraie recette des naans.
Laura M . : Ca donne faim !!!!

DAY 4. Agra. Les thèmes du jour : m'intégrer...
... et prendre un peu de hauteur sur ce monde trop agité.
Denis : "Gendarmerie Nationale, ne résistez pas !"
Farhâd :(dont acte)
Denis : 1er contact avec le Taj ?
Farhâd : De loin pour le moment. Le vendredi c'est fermé (jour saint). Ce sera demain au petit jour !
Cyrille LD : Je n'ose savoir ce que tu bois...
Farhâd : Hahaha. Juste du thé, Cyrille.
ÉTAPE SUIVANTE de mon intégration, accomplie ce soir : dîner dans une de ces échoppes sur roulettes de bord de rue, ou la marmite de tandoori écarlate a mijoté des heures, sur une petite table aux tabourets dépareillés, bercé du chant envoûtant des klaxons. J'ai beaucoup transpiré (piment), bien rigolé du concept de la "touk-touk party" (descendre la canette de Kingfisher en douce dans le touk-touk pour ne pas offenser le quartier (musulman), c'était très roots et bien bon. J'avoue, j'ai été petit joueur: je n'ai pas bu l'eau du pichet. Une bonne soirée. +100xp à mon avis.
L'étape à venir consistera à digérer victorieusement ledit dîner Je vous tiens au courant (sinon, je serai au tel avec Mondial Assistance). Bises.
Cyrille LD : Petit clin d'œil à notre globe trotter indien, tout en sirotant un p'tit whisky japonais en bonne compagnie : abandonne le thé, passe à l'alcool local !! Hein Mickaël L.
Mickaël L. : On préfère le tchin tchin au touk touk mais on pense bien à toi.
Farhâd : Vous, je vous aime.
Karine L. : Vous êtes dans quelle région du monde vous? Faites nous rêver aussi...


DAY 5. Ne te cache pas petit sagouin !...

Noémi M. : Ouah! LE Taj Mahal. Veinard!
Mickaël L. : Ça calme mais j'ai trouvé exactement la même photo sur Google image! Es-tu bien en Inde ou à Indes au fin fond du Larzac?
Farhâd : Tu es gentil, encore, tu aurais pu me situer dans la Sarthe !
Cyrille LD : La Sarthe ? C'est où cette région ? Le dernier explorateur à s'y être aventuré n'en est jamais revenu
Cristovao : Alors, un petit sagouin, un petit sagouin... ,... VU ! En haut à gauche, dans l'arbre (zoom sur la bête: Http://queridobrazil.kazeo.com/.../le-sagouin,a3576336.html ) Sympa ce parc animalier; mais dommage qu'ils aient construit un gros bâtiment en plein milieu. Le Sagouin - Rubrique scientifique
Florence Lev. : Waouh le rêve !
Farhâd : Merci Dr. Cristovao Aniel !
Amélie : WWWWAAOUUUUH !!!! trop beau ! et trop de chance.

DAY 5 (suite)

(photo : vue de la rue qui défile depuis l'arrière de la jeep)
Extrait des carnets du professeur F.M. (certains fragments ont été reconstitués, avec le risque évident d'erreurs, lesdits fragments ayant été retrouvés dans l'estomac de plusieurs vaches sacrées errant à demi sauvages, dans les rues de Jaipur, Rajahstan, Inde) :
"J'attendais depuis un quart d'heure près de la gare, mes bagages posés au bord du caniveau, devant le portail de cet hôtel au nom étrange: डधदथठ धबश्रहश, littéralement 'hôtel Beau Rivage'. Dans un bruit de graviers, la jeep dérapa devant moi. 'Mr M... ? Welcome to Jaipur !' me lança l'aimable moustachu au visage patibulaire. Il me désigna l'arrière du véhicule, où je jetai mes bagages à côté d'un gros sac de toile qui remuait légèrement. Je montai, son assistant borgne et manchot claqua la porte. 'Vas-y Chico*, mets les gaz !' criai-je avec enthousiasme, très au fait des formules de politesse jaipuriennnes. Le 4x4 démarra..."
*je n'étais pourtant pas sûr à 100% que ce fût son prénom.
"Le mot de passe était "orange juice". C'était trop facile : j'aurais dû me douter que c'était un traquenard."
Chou Kette : Tu pourrais faire de chouettes BD. La suiiiiiiite!
Haïfa : On en veut encore!!!!!
Chou Kette : Gros suspense!
Farhâd : Hahaha. Haïfa Chebbi , Chou Kette , je vous avouerai que j'ai un RIEN enjolivé la scène. La BD pourquoi pas, si j'apprends à dessiner.


DAY 6. Jaipur :

Jaipur, vers 10h :
Jaipur vers 18h :
Attention attention ! Amis moustiques, frêles araignées d'eau, jolies grenouilles, petits garçons aimant sauter dans les flaques... Je déclare la saison des pluies officiellement OU-VEEEEERTE !!!


(mais pourquoi je crie comme ça, moi ?)
Cyrille LD : Mais qu'est-ce donc ??? Est-ce encore "vivant" ???
Cristovao : 6ème jour de voyage... Jet pur?!? Bonnes ablutions à toi mon ami.
Farhâd : Cyrille, c'est le goûter que j'ai improvisé, dans le boui-boui où je m'étais abrité de la pluie. Me disant que je resterais peut-être bloqué. C'était très gras mais j'ai fait honneur au plat et ils étaient étonnés d'avoir un client non indien.
DAY 6 - suite. Fait connaissance avec mes voisins de chambre : Deux Hollandais, le père et le fils. Sortis manger et boire une bière. Discussions très intéressantes. Cigarette (hum...) qui tourne pour plus de convivialité. Bref, une bonne soirée.


DAY 7. Jaipur.

Marche jusqu'à la vieille ville. Aidé sur une partie du chemin par un petit trajet en cycle rickshaw. Le type a du mérite, beaucoup de mérite. Son allure contraste avec la rudesse de son métier: belle chemise, lunettes, la quarantaine bien en chair, les cheveux teints en orange. Il met son poids dans chaque mouvement, on fait du 15 km/h max sous le soleil déjà violent malgré l'heure (10h).
A la vieille ville, je continue à pied. Des rues orthogonales bordées d'arcades (ouf) contenant des kilomètres d' échoppes. Menuiserie, bouffe, médocs traditionnels et médocs à l'occidentale, chaudronnerie, mécanique, hi-fi, portables, bijoux, quincaillerie, tissus, autobiographies de Jean-François Copé, il n’y a que l'embarras du choix.
Laura M. : Alors si il y a des autobiographies de Copé, tu n'as pas fait le voyage pour rien...

Pendant ce temps, tout en marchant je transpire de la pire façon depuis mon arrivée en Inde. La faute à ma chemise, pourtant en coton et manches courtes, bizarre. Elle s'imbibe à toute allure et me colle au corps. J'ai l'impression de porter un k-way détrempé.
Farhâd à Laura : ne te moque pas je te prie : c'était l'un des buts de ce voyage.
Au centre de la vieille ville sont regroupés plusieurs édifices royaux ou princiers. Je visite un palais élégant et labyrinthique, tout en hauteur, riche en tourelles, balcons et petites cours presque cachées.
Retour en touk-touk. Le conducteur me propose directement : 50rs. WTF ? Brave homme, ne vous a-t-on pas dit qu'il fallait TOUJOURS essayer d'arnaquer un touriste? En tout cas, je ne vais pas me plaindre. De l'ombre, pas d'effort (à part me cramponner par moments), et comme d'habitude, un trajet haut en couleurs, images et sensations. Une attraction meilleure que celles du parc Astérix, pour 0,80€.
En fin de journée, nouveau petit périple au vieux centre-ville. C'est sans doute un de mes moments favoris dans les pays tropicaux : marcher dans des rues animées en fin d'après-midi, quand la lumière déclinante donc radoucie rend aux couleurs toute leur expression. Une heure qui se prête excellemment bien aux photos. Impossible de résumer en quelques lignes cette explosion de teintes, sur les murs, les façades, les volets, les enseignes. Les véhicules de toutes sortes, les marchandises exposées, les objets qui traînent et même les tas de détritus. Les hommes et les femmes, piétons, vendeurs, motards, enfants, groupes d'amis, groupes de fidèles en route pour la prière... J'admire ça tout en surveillant par dessus mon épaule régulièrement: les trottoirs sont tellement encombrés que la rue est le seul endroit pratique où marcher !
En quittant la vieille ville je me paume, mais alors bien. Pour faire court : bidonville, entrepôts déserts, terrains vagues... Passage d'un touk touk, OK, négociation pas claire, trajet bizarre, long, long trajet. Pas net. C'est bon, arrêtez-vous là, je descends, ciao. Retour à pied, rues familières, un bon gros biryani végétarien et retour à l'hôtel.
Nouvelle bonne discussion avec mon voisin hollandais. Nouveaux arrivants : trois français. On sympathise et bavarde jusque tard.
Mickaël L. : Ouf! Nous avons bien cru te perdre.
Farhâd : Pas d'inquiétude, le ministère indien de l'éducation vous aurait immédiatement envoyé 883 remplaçants (si les proportions démographiques sont respectées).


DAY 8. En rade à Jaipur pour 1 jour.
Les aléas du voyage !

Laura M. : Elle est où l'autobiographie de Copé. Je veux une photo !

Farhâd : Ne t'inquiète pas. Absolument TOUT ce que je relate ici est vrai. C'est le même, traduit en hindi.
Me faire embrouiller par un groupe de singes : check.
Montés sur le balcon, ils renversaient les chaises et cherchaient de la bouffe. En me voyant, au lieu de détaler ils se sont approchés et l'un d'eux a agrippé mon sac ! J'ai tiré dessus et l'ai fait lâcher.
Méthode locale : les faire fuir avec un bâton (plutôt une poutre, vues les dimensions).
Magali W. : Tu t'éclates en fait !!
Farhâd à Magali : ce qui est sûr c'est que ça me change (c'est un euphémisme ) et, oui, je passe plein de supers moments. Merci ! Bises. J'espère que l'été se passe bien pour toi et que ta maisonnée est à nouveau complète.
Marie Laurence : En rade à Jaïpur pour un jour : c'est le titre de ton prochain roman, ça... Un mélange de Huysmans, Duras et Beigbeder, le Farhad nouveau quoi.
Farhâd à Marie Laurence : cette combinaison me tente, mais je ne connais pas Huysmans. Si tu pouvais me le décrire ce serait cool.
Farhâd à Magali : désolé... Sinon, quand rentres-tu au mois d'août?
Magali : Pour le retour, j'en saurai plus ce week-end. On se tient au courant
Farhâd : Oui, ça on maîtrise. Pour coordonner nos agendas surbookés c'est plus dur, mais on va y arriver (si Ganesh veut).




DAY 9. Jaipur – Udaipur.

Photo : le palais de Jaipur.
Amélie : maaawgnifique !
Parfois le comportement des conducteurs, totalement dangereux et excessif mais compréhensible dans son contexte, touche vraiment au cocasse. Nous entrons dans l'immense cour du palais de Jaipur où se garent les véhicules et où les visiteurs peuvent accéder à l'entrée. Au milieu de la large rue, une belle et grosse vache noire occupe plus de la moitié du passage. Le touk-touk garde sa trajectoire et accélère. Mais enfin, mec, tu ne vois pas qu'il y a une VACHE juste devant toi?!
Embarquement pour Udaipur... (2e tentative)
Mickaël : Je crois qu'au retour tu n'envisageras plus ton vélo de la même manière...chaud devant!
Farhâd : Oui, ce voyage m'a permis de faire une bonne enquête de marketing. Je vais me lancer dans la vente de klaxons 10 fois plus puissants, y compris pour les vélos.

DAY 10 à Udaipur, donc.

Je tiens à préciser aux plus curieux d'entre vous qu'hier, pendant ce trajet de 7h30 en train, j'ai rencontré le sosie indien caché de José Bové. UDAIPUR donc, c'est une ville plus petite, autour d'un lac et entourée de montagnes. Il y fait nettement plus frais (pas toujours). Le touk-touk me mène dans des rues sinueuses et vallonnées, parmi les immeubles resserrés. Je me croirais en Vespa dans un vieux film italien. La guest house a une architecture intérieure très cool. Ma chambre est au 3e, vue plongeante sur la ville, vue sur le lac (voir avant dernière photo). Resto au dernier étage: Même vue. Un groupe de jeunes Français détendus passe une bonne soirée. Sans doute étudiants. J'aime bien cet endroit. On discute un peu.
Ce matin. Balade vers le lac. Des sortes de portiques de temple avant d'arriver au bord de l'eau, comme sur certaines images du Gange que j'ai vues. Un musicien joue, des touristes indiens se promènent, une vieille femme prie. Je donne quelques pièces au musicien, il lance la discussion et me fait essayer son instrument.
Je visite le palais. Immense. J'ai trop chaud et j'ai soif. A ma sortie, deux mecs viennent discuter aimablement, puis ça parle argent. L'un d'eux a tout de même eu Jean Dujardin comme client dans sa boutique (ils savent que je suis français) et l'autre a pour grand-père

l'homme qui a refait les miniatures dudit palais d'Udaipur. La classe quand même! Ha ha ha.
Par erreur et par hasard je découvre le zoo d'Udaipur. Un vieux zoo décrépit mais un endroit intéressant. Je suis le seul étranger (à part un jeune Japonais en short, mais c'est de la concurrence déloyale, les Japonais ont la palme du swag touristique). Plein de monde - des Indiens, donc. Et je comprends pourquoi: un zoo c'est un grand espace vert et arboré, sans VÉHICULES, sans VENDEURS, où ils peuvent simplement flâner dans le calme, en famille, entre amis, entre amoureux.
Car disons-le, je pense que pour un Indien (car pour un touriste de passage l'enjeu est beaucoup plus faible - pour ma part, même quand des choses ici me font mauvaise impression, je pense que j'arrive à les prendre avec humour), la vie en ville doit paraître *pourrie*. Bruit. Pollution. Accidents. Foule. Bousculades. Pollution visuelle. Manque d'hygiène...


DAY 11. Udaipur.

Belle balade sur le lac dans les brumes matinales... Puis après une balade dans des ruelles improbables, je trouve la maison non moins improbable d'un couple de vieux très polis, l'endroit qu'on m'avait indiqué pour suivre des cours de cuisine. Ils appellent leur fille qui arrive en scooter. Une femme sympa très anglophone (elle parle même trop vite pour moi). Elle me montre son resto. Hop, cours de cuisine bookés pour demain matin : 4h de cuisine indienne !
Haïfa : Ah j'espère que l'on aura droit à une dégustation à ton retour???
Farhâd : Avec plaisir ! Même si ça me met une certaine pression, là. J'espère réussir à reproduire ce qu'elle va me montrer.
Mickaël : Tu as intérêt Fafa!
Cyrille : J'en salive d'avance !!!
Emmanuelle : Moi aussi je veux goûter ça à ton retour !!!
Cécile : Pareil, on attend la démo !! Lors d'un prochain Gourel ?
Après déjeuner, étant bloqué par la pluie soudaine, j'ai pris racine dans le resto où j'avais mangé, regardant la pluie tomber tel un digne autochtone. Ça a été l'occasion de bavarder avec le patron et un employé, sur un mode décontracté.

Là, au dernier étage de la guest house où je loge, là où se trouve le resto de ladite guest house, il n'y a que des (jeunes) Français! Et la moitié sont, comme moi, silencieux, concentrés sur leur smartphone connecté en wifi. Autre époque, autres mœurs (que lors de mon 1er voyage en Thaïlande en 2000, par exemple).
Farhâd à Emmanuelle et Cécile GF : c'est noté! Avec un immense plaisir.
Aaah enfin, j'ai réussi à publier la photo de ma guest house. Je crois que c'est le chant du muezzin qui m'a aidé. Qu'est-ce que c'est BEAU, majestueux et APAISANT !


Cécile : Splendide, effectivement !
Farhâd : En fait c'est de la beauté du chant du muezzin que je parlais, mais la guest house a de la gueule, je suis d'accord.
Cristovao : Perso, j'avais compris (et approuvé) pareil que Cécile!
Photo précédente : vue depuis la terrasse de mon resto de ce midi. En dessous, un bout du lac (chargé d'algues et de détritus, mais beaucoup de gens apprécient de flâner au bord de l'eau, moi également).
Amélie : merci pour la photo. Sinon hâte aussi de déguster un met de tes cours de cuisine mais d'abord nous aurons les photos de tes préparations ! Hihi.






DAY 12. Udaipur -- New Delhi.

Départ en fin d'après-midi pour Delhi. Arrivée prévue demain à 5h10. Mon plus long voyage en train...
Hier soir, bon dîner dans un resto avec jolie vue, branché diététique et agriculture équitable.
Découverte avec stupeur d'à quoi correspond mon plafond de retrait bancaire hebdomadaire. ��
Je comprends pourquoi beaucoup d'Occidentaux partent en Inde avec plein d'espèces. Il me reste 1000rs pour tenir jusqu'à après-demain : Pas rassurant. Du coup j'y pense à chaque moment. Mais si j'évite les imprévus, ça devrait aller.
Mon cours de cuisine était génial, très dense, intéressant et agréable. On cuisinait ensemble, et le couple qui s'en occupe m'expliquait des quantités de choses. J'ai envie de tester ! Mais avec moins de fritures que mes professeurs.

Cristovao : Salut Farhâd, désolé pour le compte American Express, y avait une bonne offre sur des jantes alliage, mais je te rembourserai, t'inquiète.
Farhâd : Ordure. Je te hais !
Blastien : pendant que tu dépenses ton argent avec les indiennes, y a ton appartement qui est recouvert d'une toile d'araignée énorme et d’échafaudages... bises
Farhâd : Héhé. Je sais, j'abuse... Pour l'immeuble, cette affaire a commencé quand j'ai acheté ce gros œuf verdâtre à un sympathique brocanteur asiatique.


DAY 13. New Delhi.

Les emplacements vides de ma boite de médocs contre le palu m'aident à compter les jours efficacement ! Arrivé à l'aube par le train de nuit : 12h30 de train, une chose a priori impossible en France, voire en Europe, Russie exclue (qui relève le défi?).
... Et en fait c'est passé super vite. J'ai beaucoup dormi (et me suis beaucoup réveillé), bercé par le mouvement et le bruit régulier, comme tous mes voisins de wagon, également assommé par ma grande fatigue accumulée...
Car je connais de surcroît un passage à vide depuis environ 2 jours. Ça coïncide avec mon coup d'inquiétude concernant l'argent. Qui n'a été en fait qu'une étincelle. Ce voyage a des côtés rudes.
Revenu à Delhi dans ma GH initiale , avant de repartir demain soir pour les montagnes. Il fait trop chaud dans la capitale. A part dans sonsuper métro nickel. J'ai été fou de m' entêter à faire un gros trajet à pied (pour trouver le bureau où acheter mon ticket de bus pour le Nord).
J'ai envie de : 1) silence (pas eu une nuit sans ventilo ou clim façon "moteur d'avion", ou le chant des moustiques) 2) de verdure 3) d'une température tempérée.
Quelques remarques en vrac :
1)En fait les jeunes Indiens sont tous des hipsters qui s'ignorent. 2) vu dans Delhi :

"Free TB clinic" (tb : Tuberculose). Ça aussi ça dépayse... 3) beaucoup de quartiers privés clôturés, baptisés "colonies". 4) fumer aide à supporter la chaleur.
Cours de cuisine d'hier en photo. Non, vous ne me verrez pas en personne à l’œuvre sur Facebook: le tablier rose à carreaux dont on m'a équipé y est pour beaucoup.
A 6:30 du matin, à la gare, il y a DÉJÀ foule. ��
Cynthia R. : Tu vas où en montagne ? Si tu peux pousses jusqu’à Leh ! Calme, frais et beau ! Et puis la route pour y accéder (2 a 3 jours de 4x4, suivant combien de fois tu crèves, et le nombre de ponts hs) mérite le détour, succession de paysages de oufs !
Farhâd : En voilà une idée ambitieuse! Je note, merci !
Miiss Jones : Farhâd, pour avoir déjà testé un peu le pays, j'adore suivre ton voyage merci de nous le faire partager et si tu écris un livre sur le sujet, j'en veux un !!!
Farhâd : C'est très gentil , je suis flatté ! Quant au livre, j'y réfléchis. Il faut juste que je trouve un titre hyper accrocheur et que je fasse passer ça pour un projet commun V.Trierweiller-BHL-Nicolas S. Pour être sûr de faire un gros buzz et de récolter des millions.


DAY 14. Delhi.

Et ce soir, montée dans le bus pour Shimla, dans l’état de l'Himachal Pradesh. Mon but, dans cette ville de Delhi où circuler est difficile et où la patronne elle-même a annoncé qu'aujourd'hui serait "very hot and very wet", sera de rester le plus possible sous des ventilateurs ou dans des lieux climatisés. Vérification faite, je confirme que d'autres ont déjà fait cette recherche avant moi sur Google : "places with AC - Delhi". D’après les forum, ce sont parfois des Indiens. Résultat: Quelques musées (fermés lundi), le métro (j'avais remarqué - je l'aime ce métro !), un des bazars de la vieille ville et... les grands centres commerciaux ! Eurêka ! Qui en plus, ont poussé à Delhi comme des champignons. L'occasion de trouver un bouquin et un bon cinéma bien indien comme il faut, inch'Shiva.
J'admets qu'avec un tel projet on est loin des anciennes splendeurs mogholes du Taj Mahal et des balades sous les arcades commerçantes de Jaipur, mais je crois que vous en feriez tout autant à ma place. De plus, c'est une autre facette de l'Inde...
Bientôt, sur vos écrans (sur Facebook), une description de la salle de cinéma la plus luxueuse du monde. Le récit d'un film de 3h en hindi non sous-titré, où je me suis éclaté, j'ai rigolé et presque pleuré - pas un soupçon d'ennui. Et beaucoup d'autres choses en encore. En attendant, départ bientôt par un bus de nuit Deluxe pour Shimla, 10h de route. Bises à tous !
Denis : Love. D.
Sandrine C. : Have a safe travel.
Farhâd : Merci merci !


DAY 15. Shimla ! La montagne, ça vous gagne !

Mon périple a réussi. Après une longue attente à Delhi au point de départ des luxueux bus de nuit pour l'Himachal Pradesh, j'ai embarqué et voyagé 10h. J'ai somnolé et cru mourir dix fois. Quand un rickshaw fait le fou a 40 à l'heure dans les rues, on risque sa peau mais on s'amuse. Quand c'est un gros autocar Volvo qui pile devant des camions au comportement erratique, le klaxon mugissant dans la nuit, sur des routes cahoteuses où l'on ne voit QUE D'ALLE, c'est beaucoup moins drôle. Mes compagnons de route, eux, ronflaient paisiblement.
Remarques en vrac : 1) pas mal d'immigrés d'Extrême-Orient à Delhi, c'est intéressant. 2) pendant 1 jour à la guest house de Delhi, j'aurai donc eu un domestique coréen, très classe et poli. C'est du dernier chic, paraît-il. 3) Être pris pour un Indien : j'en suis à plus de 15 fois. 4) pisser dans des chiottes publiques de rue à Delhi : check. Il faut respirer prudemment et par la bouche (comme ce qu'on fait dans une morgue, d'après mes lectures policières). 5) Problèmes d'argent résolus (je crois).
Plus tôt dans l'après-midi, j'ai vu le dernier blockbuster de Bollywood dans le ciné le plus chic du monde. Espace individuel : 1m de large, plus d'1,20m pour étaler ses jambes. Une petite lampe de chevet très design et 4 boutons individuels, comme dans l'avion (régler siège, appeler une hôtesse, etc.). Ladite hôtesse passe prendre votre commande de pop-corn à 300 roupies. Le son du cinéma est enveloppant et parfait, l'image superbe (et évidemment numérique), moquette et déco raffinées... Les multiplexes de notre région parisienne peuvent aller se rhabiller (expression peu logique stricto sensu, je l'admets).
Le film lui-même: 3h en hindi mais j'ai à peu près tout compris. Une fillette pakistanaise se perd en Inde pendant un voyage avec sa mère. Seule et perdue, incapable bien sûr de passer la frontière, elle est heureusement prise sous l'aile du héros, une star du cinéma, champion de lutte, qui laisse son épouse pour un périple clandestin, épique, rigolo et émouvant dans le pays voisin, pays frère et ennemi tout à la fois. Ça danse (incontournable ! Des scènes de comédie musicale avec 3000 figurants, des costume incroyables... On en a pour son argent) ça se bagarre, ça vit des aventures, ça pleure... De beaux sentiments et un message de réconciliation entre les deux pays.
Soit dit en passant : ce matin, attentat au Punjab, 7 morts + les 3 assaillants. On est dans le vif du sujet. et ça, c'était à moins de 100km d'ici.

Shimla ! Un hôtel luxueux, un peu vieillot (vivent les années 80). Une jolie ville, certes indienne donc bruyante, mais toute petite et tout le centre est piéton ��!!! C'est le lieu de villégiature des Delhi-iens (Delhissois ? Delhicieux ?). Donc je croise des gens qui sont avant tout en vacances, détendus...
Ça me fera vraiment du bien, car j'ai besoin de repos, entre la grosse chaleur des autres jours, le mauvais sommeil, les maux de ventre, les repas sautés par manque de temps ou de restos adaptés à mon petit estomac d'Européen...
J'oublie le plus beau : Ici il fait DIX DEGRÉS DE MOINS!
A Shimla, une personne sur quatre porte un parapluie. Je m'en suis acheté un. Pourtant il ne pleut pas tellement, et sûrement moins qu'ailleurs en Inde. Alors pourquoi, me demanderez-vous ? Bande de petit curieux. Les parapluies, ce n'est pas contre la pluie... Mais contre les SINGES!!

Si vous êtes sages, je vous expliquerai pourquoi. Je vous expliquerai aussi pourquoi, dans cette jolie bourgade, manger un goûter tout en marchant est périlleux...
Annabelle : Je suis sage !!! Hâte de lire la suite.
Farhâd : Ça, je n'en ai jamais douté.
Photo : pas le même ciné qu'à Delhi, of course, mais voilà le film !

Mais revenons à nos moutons : les singes et les parapluies...
Si un singe décide de t'attaquer (ici, le singe est hardi, imprévisible et à la recherche de bouffe à voler) il s'avère que tu ne pourras rien faire car sa rapidité est digne de "Matrix" et il a deux fois plus de force dans les bras qu'un humain (même un petit macaque, comme ici). Il faut pointer vers lui un bâton ou une canne pour l'effrayer. Et comme se balader avec une canne, ça fait bizarre quand on n'est pas vieux, ici tout le monde achète un parapluie !
Et j'ai bien fait d'en faire autant ! Je mangeais en marchant un muffin aux dattes. Dans la foule des passants. Je vois une petite forme sur le côté. Il s'apprête à tenter quelque chose... J'agite mon parapluie vers lui. Il montre les dents. Mais il s'éloigne. Deux jeunes Indiens rigolent, m'ayant vu me plier aux méthodes locales. Je leur souris, fier de mon coup.
Et tout près d'ici se trouve un grand et réputé sanctuaire de Hanuman, le dieu singe. Je veux aller le visiter demain et il paraît qu'on croise sur le chemin beaucoup de macaques ; ça va être fun !
Emmanuelle : Alors demain tu es à la diète ou tu achètes un deuxième parapluie pour en avoir un dans chaque main... Ce qui du coup t'empêchera de manger...
Farhâd : Je t'adore, tu as toujours de bonnes idées.
Cynthia : J'ai toujours mon parapluie acheté là-bas !

Farhâd : Ha ha ! C'est génial. Je me sens beaucoup plus dans la norme, du coup.
Emmanuelle : C'est important d'être là pour donner de bons conseils à ses amis ! J'en ai fait une priorité dans ma vie.


DAY 16. Shimla.

Tout d'abord, je vous prie d'accepter mes excuses pour l'absence ou le faible nombre de photos. J'arrive à me connecter à chaque étape, mais généralement avec une qualité de connexion médiocre.
Bien dormi, moi. Un thé, des fruits et je monte vers le centre-ville. Petit dej à l'Indian Coffee House, une copie de club pour gentlemen où presque tous les clients sont des hommes dignes entre deux âges, qui m'observent tous à mon arrivée, se taisant presque tous. Omelette, toasts, un café chaud.
Tenté de réserver une rando avec guide prévue demain. Résultat incertain. L'après-midi, randonnée en solo jusqu'à ce qui était autrefois la résidence des vice-rois d'Inde (des Britanniques, donc). Un édifice magnifique, notamment ses boiseries.
Et je comprends que les Britanniques aient choisi Shimla comme résidence: la nature est belle et plus encore, comme c'est bon ce climat tempéré.
Depuis l'indépendance, c'est l'Institut indien des technologies de pointe. Plusieurs autres instituts supérieurs dans les environs. Je croise pas mal d'étudiants, tous en uniforme.


DAY 17. Shimla.

Être au téléphone 40 min avec un call center situé en Inde, DEPUIS l'Inde. Original, non ?
Miiss Jones : Normal.....
Farhâd : Ça a été plus fatigant qu'une partie d'échecs, à cause des accents (le leur et le mien) et de l'enjeu: changer mon billet d'avion, indiquer sans erreur mes coordonnées bancaires... J'avais le cerveau qui fumait. "so... I'll spell you my name : M as in Michael, O as in October, B as in... euh, euh... Bombay !!..."
Ils ont été d'une grande patience et assez aimables, je dois l'avouer.
Miiss Jones : Ah ça c sûr ils sont patients....mais, par téléphone, c encore pire quand tu tentes d'expliquer un truc et qu'on te dit "OK, OK" mais que, au bout du compte, bah....ils n'ont RIEN compris.....aaaaahhh au secours !! Mais quelle idée aussi, toi avec ton nom, tu ne leur a pas facilité la tâche, j'te jure..
Farhâd : Disons que mon nom est aussi inhabituel pour un Indien que pour un Européen, là-dessus c'est assez régulier.


DAY 18. Shimla.

Gravi la colline, atteint le temple de Hanuman par une vigoureuse ascension dans les bois. Pas eu de confrontation terrifiante façon"King Kong" où des centaines d'adorateurs simiesques du dieu singe se jetteraient sur l'explorateur imprudent...
Au sommet, c'est paisible et fort joli. Il faut juste surveiller ses affaires, autrement vite chapardées par les macaques. Je découvre donc l'intérieur d'un temple hindou. D'après les peintures mythologiques qui le décorent, Hanuman serait un dieu bienveillant avec une assez forte dimension guerrière.
Surtout, dehors, au milieu des arbres, une statue orange du dieu singe s'élève au-dessus des arbres, au point culminant de la colline. Elle fait bien 30m de haut !
Des offrandes de nourriture peuvent être données aux singes. D'autres offrandes, encens, effigies, peuvent être déposées dans le temple.



DAY 19. Delhi.

Rentré par le même bus de nuit dans la démesurée capitale de ce pays.
A nouveau, un autre voyageur sympa engage la discussion. On sympathise pendant le long trajet. Étudiant en hôtellerie et donc aussi en tourisme. Seulement en 1e année mais intarissable sur la géo, la culture et, forcément, sur les hôtels, les trains de luxe et la cuisine. En ce moment il semble à fond dans la cuisine française ! En tout cas, pour un étudiant en première année c'est déjà une encyclopédie.
Comment allez vous : Aap kaise h, aap kaisi h. Bye : Bye. J'y vais : Ab mai ja raha hu. Haan, na : Oui, non. Good morning : Suprabhat. Shubhratri : Good night. Bonne journée: Aap ka din shub ho. C'est tres bon / délicieux: Khana aacha bana h. Ye (jagah) kahan h ? Où est (cet endroit)?
Images pendant le trajet de nuit vers Delhi : 1- Les camions indiens parfois c'est des oufs, ils roulent les feux arrière éteints... De vrais malades. 2- Nous avons eu un arrêt subit peu après le départ, au milieu des collines, nuit noire. Comme personne ne m'expliquait et que les autres passagers regardaient souvent dehors vers deux véhicules arrêtés, je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux terroristes pakistanais, comme avant-hier. En fait, juste un accrochage avec un automobiliste ivre. 3- Nous avons avec nous le sosie indien de Gary Oldman (à lunettes, comme dans Batman). 4- Certains klaxons de camions sont musicaux. Certains camions (surtout dans le Nord) étaient décorés de façon kitsch et bariolée, à la façon pakistanaise.
5- La périphérie de Delhi en arrivant en car au petit matin : C'est Sim City. Chantier immense (et vide) de ponts routiers et échangeurs. Immeubles nombreux au loin, apparemment récents mais à l'allure inconfortable : On doit y étouffer. En plus ils ont l'air vides.
6- A l'arrivée à mon hôtel (luxueux) : Réceptionniste sikh classe, turban et petites lunettes, apaisant et flegmatique : Il m'explique tout, puis précise "also tonight, we will be serving chocolate cookies". Ça dénote de façon amusante avec le reste, comme s'il était une brave maman anglaise ayant tout juste laissé ses fourneaux.
Un cri du cœur sur ce panneau, à Delhi : "pour l'amour de Dieu, arrêtez de klaxonner !" (page suivante).
Parenthèse sociologique: POURQUOI les Indiens klaxonnent-ils tout le temps ? C'est un moyen de communication, qui veut dire généralement "attention j'arrive, laissez moi doubler" ou "je suis là, ne déboîtez pas" etc. Mais c'est systématique. J'ai parfois vu des véhicules débouler sur une place vide en klaxonnant cinq fois !

Chaque véhicule a son cri : Petit et aigu pour les deux roues, plus puissant pour les voitures, etc. J'ai hâte de voir des manœuvres navales en Inde, ça doit donner ! Bref, tout cela fait un peu penser aux manchots sur la banquise (cf. La marche de l'empereur ) : je pousse mon cri en continu, pour qu'on sache que je suis là et qu'on me reconnaisse.
Deuxième parenthèse socio : Les femmes dans les transports publics. Elles sont là, mais quatre fois moins nombreuses qu'en France. Je pense qu'ici : 1- elles voyagent moins. 2- quand elles le font, c'est plus souvent en voiture individuelle et/ou avec toute la famille. 3- dans le train, et dans le métro de Delhi, il y a des wagons réservés aux femmes, si elles veulent être plus en sécurité. Toutes ne les utilisent pas, ça dépend des personnes.

La photo du jour :
(Légende: rue du centre de Shimla.)
Amusez-vous, si vous le souhaitez, à comparer le premier plan à gauche, l'arrière-plan au centre et le premier plan à droite. Les rues indiennes sont généralement un super mélange. Prenez également quelques instants pour remarquer la diversité des tenues (rudimentaires ou modernes) et des visages.
Excellent dîner au resto de mon hôtel, une adresse réputée... (oui je sais, mais quand on est dans le showbiz on doit tenir son standing). Une armée de serveurs plus courtois et pros les uns que les autres. Je me suis fait servir ma boisson par le sosie de Benoît Poelvoorde, au sourire aussi débonnaire que celui de son modèle (sosie sino-indien, apparemment).


DAY 21. Home, oh sweeeeeeet, sweet home !

Le matin. Trajet nickel (même si mes 10kg de bagages sont devenus 13kg), métro rapide jusqu'à l'aéroport. Attente...
Discuté avec un vieux médecin français revenant d'une mission avec une ONG, dans le Ladakh. Sympathique, le visage creusé avec un grand nez. C'est son cinquième voyage en Inde.
Flic de la police aux frontières : d'abord un air désagréable (normal), puis devient aimable une fois les contrôles effectués sur son ordinateur. Après que je lui aie dit (même s'il le sait déjà grâce à son dossier) que j'étais enseignant : "you'll send us students !".
Être pris par erreur pour un Indien : j'en suis à 30-40 fois.
Vol Air India 143. Petite mélodie dans l'avion, pendant que les passagers s'installent. Ça ressemble à une "Marseillaise" remasterisée avec des instruments traditionnels indiens et un côté jazzy. Ça fait drôle... Après une écoute plus attentive, je confirme, c'est bien "la Marseillaise".


DAY 20. Delhi. Revenons un peu en arrière...

Fin de matinée à Delhi, visite du paisible et frais temple bahaï du Lotus, situé lui-même au milieu d'un grand parc où la chaleur est, comme ailleurs dans la ville, étouffante.
En fin d'après-midi, je me remue pour aller retirer de l'argent pour aller manger. C'est la nuit, vers 20h, place Rajiv Chowk (aussi appelée Connaught Place, la plus connue des étrangers à Delhi). Et là... d'abord je me force, puis je me laisse happer.
Je me dis que je vais faire le tour de cette grande place (ce qui implique de traverser au moins 6 ou 8 avenues chargées), une sorte de déambulation dans le chœur d'une église, pour trouver l'inspiration quant à où je vais aller ce soir. Ça prend ensuite la forme d'un dernier bain dans la foule indienne, une dernière balade dans la ville indienne, dans la nuit, dans la masse vivante, dans l'agitation des piétons et des vendeurs et des véhicules. La musique et les klaxons et les voix. L'odeur d'encens. L'odeur légère des corps.
Connaught Place, ce sont les Champs Elysées que l'on aurait enroulés autour de la place de l’Étoile Puis que l'on aurait remplis d'Indiens.
Mais vraiment remplis. Véritable traversée d'une discothèque à l'heure de pointe. Les jeunes sur leur 31, les vieux endimanchés, tous ces gens qui se croisent, se collent à cause de la foule (géographiquement, l'Inde appartient décidément aux pays latins) et qui discutent.
Tout cela dans la nuit, nuit pleine de phares, d'enseignes, de projecteurs et de néons. Nuit pleine de luxe et pleine de pauvres. La nuit indienne.
Bref, ce pays est fou, ce pays est beau, et toutes les raisons étaient réunies pour qu'au bout d'un moment, je n'arrive plus à supporter d'y être.
Et demain, réveil très matinal, sac à dos, métro, aéroport et... pour être grandiloquent, adieu aux Indes.
(sans que cette grandiloquence reflète ma pensée pour autant)