*Alerte : la Corée du Nord
empoisonnerait l'atmosphère pour détruire le climat américain*
George Marshall – 28 septembre 2014 @
8:10 pm
Traduction d'un article du blog de George Marshal, https://climatedenial.org/2014/09/28/breaking-news-north-korea-poisoning-atmosphere-to-destroy-american-weather/
Les chefs d'Etat du monde entier se
réunissent aujourd'hui à l'ONU à New York et seront fortement
poussés à agir. La découverte du complot nord-coréen visant à
pomper en secret des produits chimiques modifiant le climat dans
l'atmosphère, dans le but de détruire la production agricole de
l'ensemble des Etats-Unis a déclenché une crise internationale.
Une photographie récente prise par un
drone révèle l'ampleur du projet secret nord-coréen de
déstabilisation de l'équilibre climatique mondial.
Evidemment, ce n'est pas vrai. Un
sommet a effectivement lieu aujourd'hui à l'ONU, à la demande du
secrétaire général Ban Ki-Moon, pour évoquer les graves
perturbations climatiques actuelles. Des perturbations qui pourraient
en effet mener à l'effondrement de nombre de régions agricoles de
la planète. Mais puisque ces perturbations sont juste le fait de ce
bon vieux – et ennuyeux – réchauffement climatique, un sujet que
la majorité de l'opinion trouve moins intéressant qu'observer de la
peinture en train de sécher, les politiciens de l'ONU n'ont pas à
s'inquiéter trop d'en être tenus responsables.
Donc pourquoi sommes-nous si sûrs que
le scénario nord-coréen provoquerait une rapide mobilisation
politique, alors que l'énorme menace qui pèse réellement sur nous
ne produit toujours que de fausses promesses ? Pourquoi le
premier scénario nous donne-t-il des palpitations, alors que le
second entraîne une vaste indifférence ? Ceci pose une
question plus large, au sujet de notre propre psychologie :
pourquoi la plupart des gens comprennent-ils que le changement
climatique est une menace grave et cependant, lorsqu'on leur demande
de faire la liste des plus grands dangers menaçant la civilisation,
semblent ne jamais penser à celui-là ?
La première raison à cela est que
notre sens inné de la compétition sociale nous a rendus très
attentifs à toute menace causée par des ennemis extérieurs. Dans
des expériences, on a montré que des enfants d'à peine trois ans
pouvaient faire la différence entre un accident et une violence
délibérée. Le changement climatique perturbe cette règle
fondamentale : il s'agit d'un crime parfait et indétectable
auquel tout le monde contribue mais pour lequel personne n'a de
mobile.
Il n'y a pas d'ennemi extérieur à
blâmer. Nous nous contentons de vivre notre vie quotidienne : emmener les
enfants à l'école, allumer le chauffage chez nous, acheter et faire
à manger. C'est seulement lorsque nous acceptons que le changement
climatique est une menace que ces gestes apparemment neutres nous
apparaissent empoisonnés par des mauvaises intentions – donc nous
rejetons rapidement cette idée, ou alors nous y réagissons avec
colère et protestation.
Pire encore, le changement climatique
possède une combinaison d'autres caractéristiques qui le rendent
très difficile à traiter par notre cerveau : il nécessite des
sacrifices personnels immédiats pour éviter des pertes collectives
dans un futur lointain. Le psychologique cognitiviste Daniel
Kahneman, qui a obtenu un prix Nobel pour ses études des réactions
irrationnelles que nous avons à ces questions environnementales, a
poussé un grand soupir lorsque je lui ai demandé quelles étaient
nos chances de nous en sortir : « Désolé, a-t-il dit, je
suis très pessimiste, je ne vois aucun moyen pour que nous y
arrivions. »
Je serais du même avis que lui si le
changement climatique était effectivement incertain, d'un coût
totalement faramineux et situé dans un futur lointain. Il peut
sembler en être ainsi, si c'est comme ça que vous êtes décidé à
le voir. Cependant, de nombreux économistes, tels que Nicholas Stern
et Hank Paulson, l'ancien ministre des Finances (Treasury Secretary)
de George W. Bush, voient les choses différemment. De même pour les
310 000 manifestants qui ont occupé des quartiers entiers de
Manhattan, et les dizaines de milliers d'autres qui étaient
rassemblés dimanche à Londres pour crier avec conviction que le
changement climatique est bien réel, qu'il se produit en ce moment
et qu'il est tout à fait possible d'agir. Pour eux, le véritable
obstacle (mis en scène de façon mémorable lors de la manifestation
de New York par une pieuvre de quinze mètres de long) est
l'industrie du pétrole et du gaz et les tentacules de ses réseaux
d'influence politique.
Et c'est là que réside le vrai défi.
Le changement climatique peut être tout ce que vous voulez qu'il
soit. Il peut être ici ou là, dans le présent ou le futur, certain
et incertain. Il semble que nous voyions le changement climatique
comme une menace – et que nous soyons capables de réagir avec
autant de force que contre un ennemi extérieur – seulement
lorsqu'on le coule dans le moule de nos récits familiers, avec leurs
bons et leurs méchants.
(Source : blog de George Marshal, https://climatedenial.org/2014/09/28/breaking-news-north-korea-poisoning-atmosphere-to-destroy-american-weather/)