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Arrête, Hamid, j'arrive pas à
lire !
Il y a dans la chevelure de Sonia une forme de
drogue. Une fragrance puissante à laquelle je suis fortement
réceptif. Une bouffée me fait soupirer et détend tout mon corps.
J'y enfonce mon visage. Elle penche la tête dans la direction
opposée, puis me repousse carrément, tout en cliquant bruyamment,
ce qui ne sert à rien.
- Mais pousse-toi, bon sang...
Ses mèches sont en bataille et commencent à
sentir fort, après deux jours passés à des squats dans le parc,
des squats et des feux de camp dans les bois et des sessions « films
pourris des années 80 » chez les parents de Luc. Cependant
l'arôme de sa tignasse brune garde son effet anxiolytique. Lorsque
je suis chez moi, je me rattrape en sniffant la fourrure d'Electre,
mon setter anglais. Mais c'est le genre de comparaison qui la vexera
et que j'évite d'effectuer. [...]
Je contemple le plafond. L'air tiède entre en une
brise de quelques secondes ; gazon coupé, effluves d'un
barbecue lointain. Au-dessus de la porte de la chambre, il y a un
cadre noir et doré calligraphié portant le nom d'Allah en arabe, un
Christ crucifié en métal doré et une peinture haute en couleurs de
Ganesh. Sonia est une fille ouverte. Parfois colérique, mais
ouverte.
Depuis plusieurs minutes, elle ne fait plus de
bruit.
Je tourne le visage vers elle. Elle fait faire
demi-tour à son fauteuil de bureau et se lève, assez solennelle.
Elle a un demi-sourire et une expression mystérieuse. Puis elle se
penche à mon oreille et me chuchote :
- Tu sais... Comment dire ?...
Nous avons... le bac, mon chéri.
Avant d'ouvrir la porte, d'aller sur le palier et
de hurler la même nouvelle d'une voix suraiguë d'adolescente.
Dévalant les escaliers en chaussettes, elle fonce voir sa mère sans
arrêter de crier.
Nous sommes le 4 juillet 2008 et j'ai mon bac.
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